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                                                                    Jacques-Louis David  Autoportrait 

    Jacques-Louis David naît à Paris en 1748. Parallèlement à ses activités de peintre, il s’engage en politique : député à la Convention (nom donné à l’Assemblée Constituante qui gouverne la France de 1792 à 1795), il vote la mort du Roi en 1793 et son amitié pour Robespierre lui vaut un séjour en prison.                                                                             

    Il cesse toute activité politique sous le Directoire et fait la connaissance de Napoléon, futur empereur, en 1797.

    Le Directoire : forme de gouvernement en vigueur de 1795 à 1799. Cette appellation est due à la présence de cinq directeurs détenteurs du pouvoir exécutif.

    En 1804, celui-ci devenu Empereur, le nomme « Premier Peintre » de l’Empire et lui commande la réalisation d’une toile commémorant le sacre du 2 décembre.
    Sous la Restauration, son passé de régicide le contraint à s’exiler à Bruxelles où il continuera à peindre jusqu’à sa mort en 1825.

    La Restauration : période de l’Histoire de France comprise entre 1814 et 1830. Cette période se caractérise par un retour à la monarchie, sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, frères cadets du roi Louis XVI, exécuté en 1793.

    Grand Prix de Rome en 1774, Jacques-Louis David accède à la renommée en 1785 avec le tableau « Le Serment des Horaces ».

    Le Prix de Rome : ce prix, créé sous le règne de Louis XIV en 1663, permet au lauréat de bénéficier d’une pension à l’Académie de France à Rome afin de compléter sa formation au contact des modèles de l’Antiquité et de l’Italie moderne.

     Ce tableau est considéré comme le manifeste pictural du néoclassicisme. 

                                        Le Serment des Horaces, Musée du Louvre, Paris

    Qu’est-ce que le néoclassicisme ?

    Le néoclassicisme prône un retour à la simplicité et aux canons esthétiques de l’antiquité grecque.

    •    En peinture, le néoclassicisme apparaît vers 1760 en réaction au style dit rococo. Ce dernier se caractérise par une profusion de décors :

     

    Le hasard de l’escarpolette  Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)  Wallace collection, Londres

    Jean-Honoré Fragonard est  l’un des peintres principaux du dix-huitième siècle. Outre des paysages, des peintures religieuses et mythologiques, il est  considéré comme le peintre de la frivolité, du Rococo.

    •    En architecture, la découverte du site d’Herculanum en 1709 (ville ensevelie à l’instar de Pompéi lors de l’éruption du Vésuve le 24 août 79) entraîne un retour aux formes antiques : proportions harmonieuses, présence de colonnes, portiques (galeries couvertes dont les murs sont soutenus par des colonnes ou des piliers) et frontons (couronnement d’une façade, d’un meuble… de forme triangulaire constitué d’un tympan qu’entoure un cadre mouluré).
     

                                                                Panthéon, Paris                                                          

    Edifié de 1764 à 1790 et prévu à l’origine pour accueillir la châsse de Sainte-Geneviève, le Panthéon sert à partir de 1885, de dernière demeure aux femmes et hommes honorés par la République. 

    Parmi les nombreux chefs d’œuvre peints par David (Marat assassiné, la douleur d’Andromaque, Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard …) deux ont retenu mon attention car étant les témoignages d’évènements historiques d’importance : « le Serment du Jeu de Paume » et « le Sacre de Napoléon ».

    Le Serment du Jeu de Paume
    Un peu d’histoire…

    Depuis l’été 1788, la France traverse une grave crise financière. Le 1er mai 1789, Louis XVI convoque les Etats Généraux (rassemblement des 3 ordres : Noblesse, Clergé et tiers état) afin de trouver des solutions à cette crise. Déçus par les propositions du roi, les membres du tiers état, accompagnés de certains membres du Clergé, refusent de se soumettre à l’autorité royale et décident de se constituer en Assemblée nationale. Ce groupe qui avait pour habitude de se réunir dans l’Hôtel des Menus Plaisirs, s’en voit refuser l’accès sur ordre du roi qui était opposé à ce projet.
    Trouvant ainsi porte close le 20 juin, ils se rassemblent dans un local situé non loin de là. Décidés à rester unis tant que la France ne sera pas sortie de cette crise, ils font le serment de « ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la Constitution du Royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ».
    Ce serment prend alors le nom de «Serment du jeu de paume », en référence au jeu pratiqué dans le local où s’est tenue cette réunion.                                                                                                
                                                       Le Serment du Jeu de Paume                

    Les Jacobins souhaitent immortaliser cet évènement et lancent une souscription visant à financer une œuvre le commémorant. 

     Les Jacobins : nom donné pendant la Révolution aux membres de la Société des Amis de la Constitution. Se réunissant au couvent des Jacobins à Paris, ils prirent le nom de Club des Jacobins.

    La réalisation en est confiée à David. Commencée en 1790, cette toile reste inachevée car entre-temps, les évènements politiques révolutionnaires accentuent la fracture entre les divers courants d’opinion et rendent cette représentation d’unité nationale quelque peu obsolète…
    Sur ce tableau, les députés sont rassemblés au-delà d’une ligne fictive les faisant apparaître comme sur la scène d’un théâtre. Parmi eux sont représentés quelques révolutionnaires célèbres : Mirabeau, Robespierre….
    Tous les mouvements du tableau (bras et regards des députés…) font converger l’attention du spectateur vers le centre. Juché sur une table,  Bailly est le premier à prêter serment. L’heure est à la joie et à l’espérance de jours meilleurs.

     Jean Sylvain Bailly  (1736-1793) : Président du tiers état et maire de Paris à partir de juillet 1789, il sera guillotiné en 1793.

    Sauf pour Joseph Martin d’Auch, député du tiers état pour la circonscription de Castelnaudary, qui refuse de prêter serment.
    Il est représenté sur la droite du tableau, assis sur une chaise, les bras croisés sur la poitrine.
     

     

     

     

     

     A l’avant de la scène, un groupe de 3 personnes se congratulant, symbolise la réconciliation de la Nation.

     

    David a souhaité associer le peuple à ce moment historique et l’a représenté en haut du tableau, massé aux fenêtres.
     

     

     

     

     

    Le Sacre de Napoléon

                                                Le Sacre de Napoléon, Musée du Louvre
    Le contexte
    La scène se déroule le 2 décembre 1804, en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
    Placé au centre de la composition, Napoléon s’apprête à couronner son épouse, Joséphine de Beauharnais.
    Les pilastres en marbre blanc et rouge sont des trompes l’œil ! Ce décor fut installé pour l’occasion, recouvrant les éléments gothiques de la cathédrale.
    Derrière lui, le pape Pie VII est représenté effectuant un geste de bénédiction ; il n’est que simple témoin de l’évènement. Napoléon l’a voulu ainsi, signifiant alors qu’aucun pouvoir ne peut être supérieur au sien.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce tableau se veut une représentation idéale du sacre plus qu’un véritable reflet des évènements. 

    En effet, certains personnages, comme Letizia Ramolino, la mère de l’Empereur, sont représentés alors qu’ils n’ont pas assisté à la cérémonie.
     

     

     

     

     

     

     

    David est, lui, bien présent au sacre de Napoléon ; il s’est d’ailleurs représenté dans les tribunes un crayon à la main, fixant les premières esquisses de sa future composition.

     

     

    Afin d’avoir la sensation d’être au plus près de l’évènement, David  fait adopter au spectateur la position d’un dignitaire placé au premier rang. 
    Napoléon lui-même, lorsqu’il rend visite à David dans son atelier afin de mesurer l’avancée de son travail, déclare : « Ce n’est pas de la peinture, on marche dans le tableau ».
    Ce tableau fait partie d’une commande qui prévoyait 4 toiles : le Sacre, l’Intronisation, la Distribution des Aigles et l’arrivée de l’Empereur à l’Hôtel de Ville.  Seules deux d’entre elles seront réalisées : le Sacre ainsi que l’Intronisation. Des tensions entre l’Empereur et l’artiste concernant le prix de ces œuvres apparaîtront et mettront fin à l’accord passé entre les deux parties.
     

    Au travers de ces 2 œuvres, David se veut un témoin de l’Histoire. Présent au plus près du pouvoir en place, il fait partie de ces artistes dont l’œuvre n’est pas seulement remarquable par sa maîtrise et sa beauté : comme Delacroix peignant La Liberté guidant le peuple ou, plus près de nous, Picasso peignant Guernica, l’artiste met alors son imaginaire au service d’évènements qui le touchent. Ce qui lui permet d’ancrer sa composition dans la réalité afin de la magnifier, ou  la dénoncer.

    " Il ne faut pas seulement regarder le modèle, il faut y lire comme dans un  livre"      

                                                                                                                 Jacques-Louis David  

       

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